Sert Misia – Misia : Qui, aujourd’hui, connaît Misia ? Qui se rappelle qu’elle fut l’une des femmes les plus influentes dans le milieu des arts durant toute la première moitié du vingtième siècle ? Née en 1872, cette fille d’une famille d’artistes polonais fut une pianiste remarquable qui renonça à une carrière à la demande de son mari. Elle épousa Thadée Natanson, le fondateur de la Revue blanche, puis un magnat de la presse, Alfred Edwards et enfin le peintre catalan José-Maria Sert.
Elle fut le soutien de Diaghilev, l’amie de Jean Cocteau et l’intime de Picasso. Tous les grands noms du milieu de l’art et de la création figurent dans ces souvenirs qui se lisent comme un roman.
Au fil des pages de ces mémoires vous retrouverez Mallarmé, Valéry, Toulouse-Lautrec, Tristan Bernard, Renard, Jarry, Proust, Colette, Pierre Louÿs, Stravinski. Zola, Renoir, Vallotton, Caruso, Poulenc, Satie, Nijinski, Stravinski, Ravel, Max Jacob et Verlaine. Des femmes, aussi, figurent dans ce récit, artistes ou mécènes : la comtesse de Chevigné, la comtesse Greffuhle, la comtesse Morosini, Lady Ripon, Marcelle Meyer. Misia est sensible à leur beauté et à leur talents. Coco Chanel dont elle fut pourtant très proche – qui fit sa toilette mortuaire et créa un parfum à son nom – ne figure pas, à sa demande, dans ces souvenirs posthumes, mis en ordre par son secrétaire Paul Ristelhueber dit Boulos. Sa relation avec Chanel ainsi qu’avec Roussy Mdivani la seconde épouse de José-Maria Sert, fut-elle purement affective ? Qu’importe ! Nous nous bornerons à relever l’intérêt et la sensibilité de Misia à ses contemporaines.
Femme amoureuse, femme artiste, elle s’intéressait à toutes et tous avec un instinct très sûr pour mettre en lumière les talents de ce demi-siècle. Elle nous les décrit, avec humour et passion, dans ces pages. Elle décéda en 1950 ayant peu à peu perdu la vue.
D’elle, Cocteau écrivait, après un rare concert en 1933 : « Il faudrait louer un peu ces femmes bouillantes et profondes qui vivent à l’ombre des hommes d’une époque et qui, en marge du travail des artistes, […] poursuivent une œuvre occulte. Il est impossible d’imaginer l’univers ensoleille de Renoir, de Bonnard, de Vuillard, de Roussel, de Debussy, de Ravel, les projecteurs prophétiques de Lautrec, le prisme mallarméen, même les derniers jeux de soleil couchant de Verlaine et l’aube radieuse de Strawinsky, sans voir surgir la figure de jeune tigre enrubanné, la face douce et cruelle de chatte rose, que nous vîmes à Misia le soir où nous la connûmes […] Nous voilà, face à face, avec une de ces femmes auxquelles Stendhal accorde le génie. [… Mais j’ignorais] que notre pianiste de la vie était une pianiste tout court […] Je conseille à ceux qui auront la chance d’entendre Misia, outre la surprise qu’ils doivent ressentir, d’évoquer les âmes illustres que son piano, comme le confesse une rime exquise de Mallarmé, initia et qui s’enrichirent de cette collaboratrice mystérieuse. »
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