Chateaubriand François-René de – Mémoires d’Outre-tombe (tome IV): Ce quatrième volume nous entraîne dans les coulisses du pouvoir sous la Restauration.
En 1814, le retour des Bourbons sur le trône occupé pendant dix ans par Napoléon fait renaître l’ambition de Chateaubriand, qui aspire à une brillante carrière d’homme d’État. Il perdra vite ses illusions. Louis XVIII, prudent et conciliateur, mène une politique de compromis, tant avec les anciens jacobins qu’avec les hommes de l’Empire, et n’accorde à l’écrivain qu’un poste intérimaire de ministre de l’Intérieur.
Durant les Cent-Jours (mars-juin 1815), le roi et sa cour se réfugient à Gand, où les suivent Chateaubriand et son épouse. L’auteur y est témoin des basses manœuvres qui font de Talleyrand et du sinistre Fouché les nouveaux complices du pouvoir. Le 18 juin 1815, à quelques lieues de la ville, il entend les roulements sourds des canons de Waterloo qui sonnent le glas définitif de l’ère napoléonienne. Dans une longue parenthèse, Chateaubriand évoque l’exil et la mort de l’Empereur à Sainte-Hélène et rend un dernier hommage à celui qui fut à la fois son frère ennemi et son modèle.
De retour à Paris durant l’été 1815, il est nommé pair de France, puis ministre d’État sans portefeuille. Faute de gouverner, il attaque le despotisme croissant du ministère et dénonce les machinations qui visent à écarter du pouvoir les légitimistes tels que lui. En 1816, il publie La Monarchie selon la Charte, « catéchisme constitutionnel » dans lequel il fait la leçon au gouvernement. L’ouvrage, qui fait grand bruit, est saisi et son auteur, disgracié, perd son traitement de ministre, ce qui le prive de la majeure partie de ses revenus. Commence alors pour les Chateaubriand une période de graves difficultés financières qui les obligent à vendre leur propriété de la Vallée-aux-Loups et à vivre de l’hospitalité de leurs amis. En 1817, lors d’une promenade dans le parc de Mme de Montboissier, le chant d’une grive lui rappelle soudain son enfance dans les bois de Combourg et l’incite à entamer la rédaction de ses mémoires. C’est également durant cette époque mouvementée qu’il renoue avec Mme de Staël, déjà gravement atteinte, et s’éprend de Mme Récamier, avec qui il entretiendra une relation de près de trente ans.
Destitué de ses fonctions, Chateaubriand ne renonce pas pour autant à la politique. À la chambre des pairs, il prononce de cinglants discours qui font de lui un redoutable polémiste. De 1818 à 1820, il dirige Le Conservateur et devient le chef incontesté de l’opposition ultra. L’assassinat du Duc de Berry, en février 1820, provoque une crise dynastique et gouvernementale qui rapproche Chateaubriand du trône. Mais Louis XVIII, préférant tenir l’encombrant écrivain à distance, le nomme ambassadeur à Berlin (janvier-avril 1821), puis en Angleterre (1822). Le contraste doux-amer entre sa misère d’antan et les honneurs dus à son nouveau rôle de plénipotentiaire pousse Chateaubriand à poursuivre ses mémoires. C’est en 1822, à Londres, qu’il rédige les pages que l’on a déjà lues sur son voyage en Amérique, son retour en France, son mariage, son ralliement à l’armée des princes et ses années d’exil en Angleterre (1793-1800). C’est à Londres également que Montmirail, son cuisinier d’ambassade, invente la recette du chateaubriand. Si l’auteur ne nous dit rien de ce détail gastronomique, il nous livre de savoureux commentaires sur la haute société londonienne, qu’il fréquente avec un zèle assidu, tout en se plaignant de n’avoir jamais un instant à lui. De retour à Paris en 1823, il obtient (enfin !) le ministère tant convoité des Affaires étrangères. Soucieux de redorer le blason de la France, il préconise une intervention en Espagne pour soutenir Ferdinand VII, un Bourbon victime d’une insurrection populaire. La victoire de l’expédition ne suffit pas à lui conserver son poste : le 6 juin 1824, il est chassé du gouvernement et passe aussitôt dans l’opposition.
La dernière partie du volume est consacrée à Mme Récamier, que Chateaubriand présente à travers les témoignages de ceux qui, tels Constant, Mme de Staël, la Harpe, Murat, Canova, furent touchés, de près ou de loin, par l’incomparable « enchanteresse ». [Sources : Ghislain de Diesbach, Chateaubriand (Perrin 1995) ; Victor-L. Tapié, Chateaubriand par lui-même (Seuil 1965).]
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