Wells H. G. – Le Pays des Aveugles

Wells H. G. - Le Pays des Aveugles - Bibliothèque numérique romande - Laura Barr-Wells Cirque de MafateWells H. G. – Le Pays des Aveugles : Dans une vallée des Andes perdue, inaccessible à tous, ses habitants ont progressivement perdu la vue sous l’influence de poisons locaux. Quatorze générations plus tard, ils se sont organisés mais ont oublié l’existence du monde extérieur et ne savent plus ce qu’est la vue. Dehors, dans la civilisation andine, n’en subsiste qu’une vague légende, celle de «la Vallée des Aveugles». Or Nuñes, un alpiniste, échoue, à la suite d’une chute vertigineuse, parmi les habitants de cette vallée. Il est persuadé qu’au royaume des aveugles les borgnes sont rois. Mais…

H.G. Wells traite avec génie, dans cette nouvelle, plusieurs problématiques qu’il veut défendre. Le colonialisme «normal» est incarné par un représentant de la civilisation découvrant des «sauvages» et persuadé de sa supériorité, d’autant plus qu’il est voyant. L’adaptation est celle de cette civilisation isolée de non-voyants qui ont recréé de manière remarquable un monde à la mesure de leurs sens. L’isolement où, peu à peu au fil des siècles, l’imaginaire collectif a recréé la croyance d’un monde fermé … et unique. Enfin, l’intégration et la norme dans une communauté questionne la différence : peut-on s’intégrer lorsque l’on est «autre»?

«… le pseudo-roi des aveugles demeurait toujours dans le plus strict incognito, comme un étranger maladroit et inutile, parmi ses sujets. Il était, s’aperçut-il, beaucoup plus difficile qu’il ne l’avait supposé de proclamer sa souveraineté, et, dans l’intervalle, tout en méditant un coup d’État, il faisait ce qu’on lui commandait et il s’habituait aux mœurs et aux coutumes du Pays des Aveugles. … Il faut que je m’occupe de les mettre à la raison… Réfléchissons, réfléchissons… Au coucher du soleil, il réfléchissait encore.»
«C’était merveille de voir avec quelle confiance et quelle précision ils se dirigeaient dans leur monde ordonné. Tout y était adapté à leurs nécessités … Leurs sens étaient devenus extraordinairement aigus. À une distance d’une douzaine de pas, ils entendaient et savaient quel geste faisait un homme ; ils percevaient même les battements de son cœur. L’intonation avait remplacé l’expression du visage, – et le toucher, les gestes ; ils maniaient la houe, la bêche et la fourche avec autant de liberté et d’aisance que le jardinier le plus clairvoyant…»
« Depuis quatorze générations, … tous les termes concernant la vue étaient tombés en désuétude; les souvenirs de l’extérieur s’étaient atténués et transformés en histoires enfantines, et les habitants avaient cessé de s’intéresser à ce qui existait au dehors des pentes rocheuses dominant leur mur d’enceinte. Des aveugles de génie étaient nés parmi eux: ils avaient révoqué en doute les lambeaux de croyances et de traditions remontant à l’époque où leurs ancêtres voyaient. Ils avaient écarté tout cela comme autant de rêveries illusoires et l’avaient remplacé par de plus saines explications.»

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