Marie-Louise Pailleron – Madame de Staël : Née à Paris le 22 avril 1766 dans une famille protestante d’origine genevoise, morte le 14 juillet 1817, Germaine de Staël vécut au confluent de l’ancien et du nouveau régime. Elle traversa toute son époque en ouragan, laissant derrière elle une œuvre majeure et une notoriété internationale qui lui valurent autant d’admirateurs que de détracteurs. «Madame de Staël est une de ces figures sur le compte desquelles on réussit rarement à se mettre d’accord». En une courte biographie, publiée en 1931, Marie-Louise Pailleron fait le tour de ce personnage hors du commun. Ce faisant, elle dresse un portrait à charge sans complaisance, passionnant et passionné, à l’humour parfois féroce ou chauvin, qui se lit d’une traite. L’occasion de revisiter ce qu’on pensait connaître d’elle!
Si Mme Pailleron salue en effet la bonté, la générosité et le courage de Mme de Staël (née Necker), elle reproche à la fille unique du richissime ministre des Finances de Louis XVI d’être une «pseudo Française», intelligente certes, mais dénuée d’esprit, une arriviste qui, tout en se réclamant des Lumières, eut l’outrecuidance de comparer défavorablement la France à la patrie brumeuse de Goethe et Schiller. Un tel affront ne se pardonne pas, ni en 1810, ni a fortiori pendant l’entre-deux-guerres. Bref, Mme de Staël dérange…
Il est vrai que l’écrivaine à la verve incomparable n’était pas seulement douée d’une prodigieuse intelligence et d’une immense capacité de travail. Elle avait un tempérament de femme d’État et pouvait se montrer encombrante et trop voyante aux yeux de certains. Éprise de liberté, mais contrainte par son sexe de confiner l’exercice de ses talents aux coulisses du pouvoir, elle n’hésita pas à braver les conventions, eut le courage de ses convictions et se soucia fort peu du qu’en-dira-t-on. Mariée à vingt ans à l’ambassadeur de Suède à Paris, de dix-sept ans son aîné, la jeune et ambitieuse baronne ne se contenta pas d’avoir de nombreux et illustres amants. Armée d’un titre de noblesse qui lui ouvrait tout grand les portes de la cour, elle fit de son salon de la rue du Bac l’un des grands salons politiques de son temps. Héritière de Rousseau et républicaine convaincue, elle embrassa avec enthousiasme les principes de 1789. En 1792, lors des massacres de Septembre, elle mit sa vie en danger pour sauver plusieurs de ses amis menacés par la Terreur. Lorsque Bonaparte fit son entrée sur la scène politique, elle l’accueillit d’abord comme un sauveur, mais eut tôt fait de déchanter face à sa répression de la liberté d’expression, dont elle fit maintes fois les frais. L’empereur, craignant par-dessus tout son influence sur l’opinion publique, l’exila à plusieurs reprises sur les rives du Léman, mais ne parvint jamais à la museler. L’irrépressible Mme de Staël fit de son château de Coppet le centre névralgique de la pensée libérale européenne et devint elle-même la figure de proue de l’opposition au despotisme napoléonien.
Marie-Louise Pailleron (1870-1951) est une écrivaine française et une historienne spécialiste des 18e et 19e siècles. Elle publia dans la Revue des Deux Mondes des biographies sur des grands noms de la littérature française, comme George Sand ou Germaine de Staël. Petite-fille de François Buloz, fondateur de la Revue des Deux Mondes, elle rencontra durant sa jeunesse l’élite de la société de ce temps (Lesseps, Pasteur, Charcot, Alexandre Dumas etc.). Farouchement attachée à son indépendance d’esprit, elle marquait ses interlocuteurs par la franchise de ses opinions. Passionnée de littérature et de théâtre, elle partagea sa vie entre Paris et Ronjoux en Savoie, au bord du lac du Bourget, où vécut également George Sand. Auteur de plusieurs romans et biographies, elle reçut en 1930 le Grand prix de littérature française pour l’ensemble de son œuvre (sources : Wikipédia et Revue des Deux Mondes).
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