Élisée Reclus – L’Anarchie

Élisée Reclus – L’Anarchie : L’État, la police et les hiérarchies sont-elles indispensables à la vie sociale? Une société d’égaux est-elle possible? Pour Élisée Reclus, géographe et militant anarchiste, la réponse est oui et il y consacre sa vie. Il sera condamné, exilé mais n’abandonnera pas son combat. Il rêve d’une «société pacifique où les hommes, désormais réconciliés, laisseront rouiller leurs épées […] dans laquelle il n’y aura plus de maîtres, plus de conservateurs officiels de la morale publique, plus de geôliers ni de bourreaux, plus de riches ni de pauvres, mais des frères ayant tous leur part quotidienne de pain, des égaux en droit, et se maintenant en paix et en cordiale union, non par l’obéissance à des lois, qu’accompagnent toujours des menaces redoutables, mais par le respect mutuel des intérêts et l’observation scientifique des lois naturelles.»

La société de 1894 a fait, dit-il, la preuve de sa faillite: «On ne peut dire sans absurdité que la masse chaotique ambiante constitue une société. […] dans ce monde de la civilisation européenne, avec la suite continue de ses drames intestins, meurtres et suicides, violences et fusillades, dépérissements et famines, vols, dols et tromperies de toute espèce, faillites, effondrements et ruines? […] L’histoire nous permet d’affirmer en toute certitude que la politique de haine engendre toujours la haine, aggravant fatalement la situation générale, ou même entraînant une ruine définitive ». Note d’optimisme: les progrès de la société, «la liberté de penser ont fait de tous les hommes des anarchistes sans le savoir.».

Au 21e siècle on peut toutefois s’interroger : que sont devenus tous ces rêves d’un monde meilleur, toutes les luttes des 19e et 20e siècles? Il y a sans doute aujourd’hui bien plus d’égalité mais combien encore de guerre, d’injustices et de misère, combien de mise à mal de notre seul vaisseau spatial, la Terre? L’insatiable besoin de reconnaissance de l’humain, «piqué de la tarentule du pouvoir», sa quête jamais assouvie de l’être complet dont parle Platon dans son Banquet augurent peu favorablement de ce progrès. Mais, que l’on puisse y croire ou non, la recherche de Élisée Reclus est rafraichissante.

Séduit par les idéaux socialistes, Élisée Reclus qui avait commencé des études pastorale pour suivre les traces de son père en fut exclu. Il survit alors en donnant des leçon puis s’inscrit, à Berlin, au cours du géographe Carl Ritter dont il devient le disciple. Exilé avec son frère après le coup d’état du 2 décembre 1851, il connait la misère à Londres, sera régisseur en Irlande, émigre pour la Nouvelle-Orléans où il sera homme de peine, précepteur, … révolté par l’esclavage, et en Colombie, paysan en faillite. Mais la géographie est sa passion et revenu en France il publie des ouvrages et articles fort remarqués dont L’Histoire d’un ruisseau, La Terre, description des phénomènes de la vie du globe, la Nouvelle Géographie universelle, L’Homme et la Terre qui lui assureront une large renommée. Il développe notamment un écologisme avant l’heure : « prendre définitivement conscience de notre humanité solidaire, faisant corps avec la planète elle-même ». Militant anarchiste, il sera membre de la 1ère internationale, qu’il quittera avec Bakounine pour la Fédération jurassienne avec James Guillaume, militera sa vie entière, sera condamné et exilé en Suisse,… Il sera un partisan de l’union libre, végétarien, naturiste et espérantiste. (Biographie d’après Wikipédia.) La conférence dont est issue ce texte est prononcée devant un parterre de francs-maçons,  peu de temps après une vague d’attentats parisiens, suivi d’une forte répression. Reclus inscrit l’anarchie dans une tradition de contestation aussi longue que le pouvoir.

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