Chateaubriand François-René de – Mémoires d’Outre-tombe (tome V)

Chateaubriand - Mémoires d'Outre-tombe (tome V) - Bibliothèque numérique romande - Sylvie S. Pont sur le TibreChateaubriand François-René de – Mémoires d’Outre-tombe (tome V): En 1828, Chateaubriand est devenu un véritable casse-tête pour le gouvernement. Pour tenter d’amadouer le redoutable chef de l’opposition, Marignac, le nouveau premier ministre de Charles X, lui propose l’ambassade de Rome. Chateaubriand hésite, mais finit par accepter, tant il rêve de revoir les lieux qui ont vu naître sa carrière diplomatique et son projet autobiographique. Aussitôt arrivé dans la Ville éternelle, le contraste entre le présent et ses souvenirs de 1803, alors qu’il n’était encore que secrétaire d’ambassade, le plonge dans la mélancolie.

Éloigné de la scène politique française, peu accaparé par ses responsabilités, il ronge son frein et cherche à tromper sa solitude. Levé dès l’aube, il erre dans Rome et alentour, dans cette campagne romaine qu’il a si poétiquement évoquée jadis dans sa Lettre à Fontanes, donne une somptueuse fête à la villa Médicis, entreprend des fouilles à Torre Vergata — rien n’y fait. Ses lettres à Mme Récamier, qu’il transcrit intégralement, résonnent de ses plaintes continuelles. Il est vrai que Mme de Chateaubriand l’a accompagné à Rome, empêchant la sublime Juliette de le rejoindre comme prévu…

En mai 1829, Chateaubriand n’y tient plus et rentre en France. Il vivra cet été-là une dernière passion (platonique ?) avec « l’Occitanienne », une jeune comtesse qu’il ne connaît que par lettres et ne rencontrera qu’une seule fois, dans les Hautes-Pyrénées. En août, les mesures réactionnaires du nouveau ministère Polignac suscitent l’indignation des libéraux et d’une grande partie de l’opinion publique. Par protestation, Chateaubriand démissionne de son poste. Moins d’un an plus tard, les Ordonnances du 25 juillet 1830 achèvent de mettre le feu aux poudres. Ouvriers imprimeurs, étudiants et journalistes descendent dans la rue, élèvent des barricades ; c’est la Révolution… L’auteur raconte au jour le jour les Trois Glorieuses (27-29 juillet), transformant ses mémoires en un fascinant journal. Le 30, il est porté en triomphe par des jeunes gens qui l’acclament en défenseur de la liberté de la presse. Le 2 août, Charles X abdique en faveur de son petit-fils, un enfant, et nomme Louis-Philippe d’Orléans régent du royaume. Lorsque celui-ci en profite pour s’emparer du pouvoir, Chateaubriand, qui a toujours été aussi farouchement attaché à la légitimité qu’à la charte, refuse de prêter serment, accusant le « Roi des Français » d’escamoter à la fois la couronne et la liberté du peuple. Mais il est trop tard ; les jeux sont faits. Le 7 août, le vieux lion prononce devant la Chambre un saisissant discours à l’issue duquel il se dépouille de ses insignes de pair et se retire définitivement de la carrière politique. Cette grande leçon d’histoire, d’une pénétrante lucidité, compte parmi les plus belles pages des Mémoires d’outre-tombe.

Glorieux mais privé de ses traitements et pensions d’ambassadeur et de pair, Chateaubriand est vite accablé de soucis financiers. Obligé de quitter Paris en mai 1831, il s’installe avec sa femme à Genève, où la vie est moins chère, mais dès octobre, ses affaires le rappellent en France. Bien que sans illusions sur Charles X, en exil à Prague, il prend sa défense, mais mettra aussi tout en œuvre pour dissuader sa belle-fille, la duchesse de Berry, mère de l’héritier légitime de la couronne, de soulever les populations en faveur de son fils mineur. En vain. Lorsque la nouvelle de son débarquement clandestin à Marseille parvient aux oreilles du gouvernement, en juin 1832, Chateaubriand, accusé de complicité, est jeté en prison, tandis que la duchesse, cachée par ses partisans, réussit à échapper aux gendarmes. Le scandale, orchestré en bonne partie par Chateaubriand, est retentissant. Quinze jours plus tard, à la suite d’un non-lieu, il regagne la Suisse. Il effectue un voyage de Bâle à Lugano, puis, de retour à Genève, accompagne Mme Récamier au château de Coppet pour un dernier hommage au souvenir de Mme de Staël. En novembre 1832, apprenant la soudaine arrestation de la Duchesse de Berry, il rentre de toute urgence à Paris pour plaider sa cause et celle des Bourbons. [Source : Ghislain de Diesbach, Chateaubriand (Perrin 1995).]

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