Sue Eugène – Le Diable médecin, Adèle Verneuil : Max, le « diable-médecin », la soixantaine, opère des guérisons extraordinaires. Il prépare lui-même ses toxiques, parfois dans la pharmacopée ordinaire, mais souvent avec l’homéopathie dont certains effets mystérieux semblent toucher au prodige. La puissance quasi-occulte de ses remèdes, son existence solitaire et excentrique, sa physionomie saisissante, l’action magnétique de son regard, ses guérisons prodigieuses, sa connaissance de secrets intimes lui ont valu sa renommée. …
Renard Jules – Poil de Carotte (avec 50 illustrations de Félix Vallotton) : François Lepic – dans ces récits où Jules Renard évoque son enfance – vit avec sa famille à la campagne. Surnommé « Poil de Carotte à cause de ses cheveux roux et de ses taches de rousseur, il est rudoyé par sa mère et victime des tracasseries de ses frères et sœurs. Face à l’injustice, il lui reste la ruse et les bêtises, une stratégie de survie contre la maltraitance dont il est lui-même victime … et bourreau, lorsqu’il se retourne contre de petits animaux. Dans ces récits drôles ou cruels, le lecteur, entre rires et larmes, ne manquera pas d’être ému à la lecture de ce recueil intemporel. …
Sand George – Cora : « Georges est une jeune homme candide qui revient de l’île Bourbon et n’est pas trop au fait des coutumes des petites villes de Province française. Il a trouvé du travail dans l’administration des postes. Cependant, bien vite, il se fait admettre dans la société et il rencontre au bal une belle jeune fille nommée Cora dont il tombe follement amoureux. Mais Cora ne répond pas à son amour. »
Dans ce court roman, George Sand se livre à une satire de la vie d’une petite ville de province et de ses ridicules. Elle se met dans la peau du narrateur et campe un jeune romantique rêveur, qui s’appelle, lui aussi, George, « de nature inflammable et contemplative », qui s’exalte pour la jeune fille d’un épicier et nourrit son amour de ses lectures et des idées à la mode. «On y découvre une plume alerte, assez méchante envers les mœurs provinciales et pleine d’ironie envers les passions amoureuses… surtout quand il s’agit de s’amuser aux dépens du jeune homme tout en pratiquant l’auto-dérision… Sand fait preuve d’une connaissance assez désabusée de la nature humaine et la fin du roman est bien pessimiste. Si le jeune homme a beaucoup souffert, la femme mariée et mère ne s’en sort pas mieux. La peinture de la condition féminine en province au XIXe siècle n’est pas enviable ! » (Claudialucia, Ma Librairie, 23.10.2012.)
Ramuz Charles Ferdinand – Les Circonstances de la Vie : Inspiré du réalisme des romans de Flaubert, c’est le récit de la vie du notaire Émile Magnenat. Marié sans passion avec Hélène, une jeune fille de bonne famille, il mène une vie tranquille et morne dans une petite bourgade. L’arrivée de Frieda, une employée de maison alémanique, ambitieuse et sans scrupules, va tout bouleverser.
Dans ce roman qui oppose deux mondes, celui de la campagne et celui de la ville, Ramuz se livre à une satire, souvent ironique, de ce monde bourgeois qu’il détestait.
Charles Ferdinand Ramuz est né en 1878 à Lausanne, en Suisse, de parents commerçants. Après des études de lettres à Lausanne, il part pour Paris, où il séjournera régulièrement jusqu’en 1914, tout en participant à la vie littéraire romande. Son premier roman, Aline (1905), est un succès. Suivront jusqu’en 1911 des romans centrés sur un personnage (dont Vie de Samuel Belet, Aimé Pache, peintre vaudois, Jean-Luc persécuté). En 1914, il revient vivre définitivement en Suisse. Avec La guerre dans le Haut-Pays (1915), Le règne de l’esprit malin (1917), La guérison des maladies (1917), il renonce au roman explicatif pour décrire des communautés aux prises avec les forces du mal, la guerre, la fin du monde. Il développe une nouvelle langue plus proche du langage parlé – au grand dam des puristes – abandonnant la narration linéaire et introduisant le « on » comme l’expression d’une collectivité. Il décédera en 1947 à Pully, près de Lausanne.
Bernard Tristan – Mémoires d’un jeune homme rangé : Dans les années 1900, Daniel Henry, un jeune homme de 20 ans fils d’un petit industriel drapier-tailleur, décide après mûres réflexions de tomber amoureux de Berthe Voraud, fille d’un autre industriel bourgeois. Heureusement, elle cède à ses avances timides et l’affaire va aller jusqu’au mariage, grâce peut-être aux deux pères plus entreprenants et très intéressés par l’argent de l’autre parti.
Daniel est vieux avant l’âge : Un jeune homme rangé, ce n’est qu’un euphémisme, c’est un jeune homme étriqué dans ses habits et ses idées, conformiste à outrance, qui cherche toujours à savoir ce que les autres pensent de lui ; il ne fait que ce qui se fait ou ce qu’il croit qu’il doit faire. Paru en 1899, c’est le premier roman de Tristan Bernard, habitué plutôt à écrire des pièces de théâtre, des pamphlets, des mots d’esprit. Il dresse ici une critique humoristique et subversive de la vie des bourgeois de son temps.
Proche de Léon Blum, Jules Renard, Lucien Guitry, Paul Gordeaux, Marcel Pagnol, et de bien d’autres, célèbre pour ses jeux de mots, ses mots croisés et son théâtre de boulevard, écrivain-chroniqueur-sportsman-gastronome, Tristan Bernard fut aussi un écrivain romanesque à succès. Il contribua au genre policier par son recueil Amants et Voleurs (1905) et plusieurs autres romans. Arrêté comme juif en 1943 et interné à Drancy, il échappe de peu à la déportation. Parue dans La Presse en 1900, cette phrase de Francis de Croisset résume fort bien notre auteur: « Il a l’observation minutieuse et analytique. Il scrute le cœur humain à coups d’épingles. Il le fouille de ses ongles courts, avec le plaisir aigu et chatouilleur qu’on ressent à gratter un bouton. »
Malot Hector – Marichette (volume 2) : Marichette a réussi à s’enfuir de chez son terrible cousin Simon Bellocq. Elle habite désormais chez Sylvain et Célanie. Celle-ci commence par la choyer car elle pense ainsi augmenter ses chances de recevoir l’héritage de Simon. Mais elle se met ensuite à persécuter Marichette, qui, à la suite de son viol par Simon, attend un enfant : Célanie la considère comme une fille perdue. Sylvain réussit à placer Marichette chez une lingère qui l’accueille comme sa propre fille et devient une amie précieuse. La jeune femme accouche d’un garçon, Pierre, qu’elle éduque de façon exemplaire et qui devient un brillant élève. C’est alors que Simon Bellocq, entame une procédure pour prendre Pierre auprès de lui. Va-t-il gagner ? Marichette le supportera-t-elle ? Et Paulin, qui revient au pays après plusieurs années à l’étranger, que va-t-il faire ?
Dans ce roman, Malot dénonce une fois encore les injustices de la société de son temps : le sort fait à une fille violée, le déshonneur, la condition d’un fils bâtard, la loi qui donne raison au père uniquement, le manque de scrupules et la tyrannie d’un homme ambitieux qui terrorise son entourage. Mais tout cela est tempéré par la présence de personnages généreux et courageux.
Doyle Arthur Conan – Mémoires d’un médecin : Vous êtes malade ? Votre santé laisse à désirer ? Vous êtes invalide ? Alors ne lisez pas les Mémoires d’un médecin !
Arthur Conan Doyle, lui-même, vous prévient : « Si vous voulez un peu de réalisme et si vous êtes décidé de faire de vos personnages des médecins et non des marionnettes, vous ne pouvez éviter de dépeindre le côté sombre de leur pratique qui, d’ailleurs, s’impose de prime abord aux médecins et chirurgiens. C’est vrai qu’ils voient bien des choses magnifiques, de l’héroïsme et de la force de caractère, de l’amour et des sacrifices. Mais ils sont aussi confrontés (car on dit toujours confronté de ce cas) à la souffrance et aux épreuves. Impossible de n’écrire que les aspects riants et joyeux de la vie de ces praticiens.
« Alors pourquoi en faire un livre, me demanderez-vous ? Parce que la fiction, pour moi, est « chez elle » autant pour narrer ce qui est pénible que ce qui est heureux. Éviter de décrire des heures d’angoisse peut partir d’un bon sentiment mais bien moins, je trouve, que de tenter de présenter avec honnêteté les aspects les plus graves de la vie. Une histoire qui va surprendre le lecteur, déranger ses préjugés, le choquer et lui inspirer quelques réflexions sérieuses, sera bien plus capable d’en faire réaliser les aspects stimulants et réalistes, souvent amers certes, mais qui contribuent au résultat. C’est l’effet que j’espère de certaines des histoires de ce petit recueil. J’avoue que j’avais jusqu’à présent partagé votre sentiment et m’étais abstenu de les proposer à une large diffusion. Mais dans ce livre, le lecteur comprendra que son contenu sont des nouvelles médicales et, pourra, si il ou elle en décide ainsi, les éviter. » (Lettre à un ami américain in The Arthur Conan Doyle Encyclopedia, Round the Red Lamp)
Évitez donc, si vous le souhaitez, ce petit recueil, quelquefois hilarant et souvent dérangeant… On y retrouve un peu de l’humour grinçant de Jerome K. Jerome – alors éditeur de The Idler – qui en avait soufflé l’idée à Arthur Conan Doyle deux ans avant sa publication. Le titre de ce recueil paru en 1894, Round the Red Lamp, fait référence à la lampe rouge qui était alors le signe indiquant communément le cabinet d’un médecin.
Ramuz Charles Ferdinand – Passage du poète : Besson le vannier, arrive au printemps dans un village du vignoble de Lavaux, au-dessus du Lac Léman. Il vient y travailler le temps d’une saison. Sur son passage, on rencontre différents personnages – vigneron, fossoyeur, pêcheur. Chacun est pris dans ses petits soucis. Besson, avec sa tranquillité silencieuse, s’intègre sans s’intégrer, ce sont les autres qui modifient leur regard sur leur quotidien. À la fin de l’été, une fête des vignerons réunit tout le monde, et Besson s’en repart, dans le silence de la nuit.
Un récit poétique et envoûtant, dont Ramuz disait qu’il était un de ses préférés.
« Un poète est venu, on ne l’a pas reconnu et on ne sait pas qui il est.
C’est simplement un homme, un homme parmi les hommes, un homme comme les autres hommes. »
Charles Ferdinand Ramuz est né en 1878 à Lausanne, en Suisse, de parents commerçants. Après des études de lettres à Lausanne, il part pour Paris, où il séjournera régulièrement jusqu’en 1914, tout en participant à la vie littéraire romande. Son premier roman, Aline (1905), est un succès. Suivront jusqu’en 1911 des romans centrés sur un personnage (dont Vie de Samuel Belet, Aimé Pache, peintre vaudois, Jean-Luc persécuté). En 1914, il revient vivre définitivement en Suisse. Avec La guerre dans le Haut-Pays (1915), Le règne de l’esprit malin (1917), La guérison des maladies (1917), il renonce au roman explicatif pour décrire des communautés aux prises avec les forces du mal, la guerre, la fin du monde. Il développe une nouvelle langue plus proche du langage parlé – au grand dam des puristes – abandonnant la narration linéaire et introduisant le « on » comme l’expression d’une collectivité. Il décédera en 1947 à Pully, près de Lausanne.
Malot Hector – Marichette (volume 1) : Marichette, une jolie jeune fille douce et honnête, qui vient de perdre sa mère et se trouve donc sans ressources, arrive chez son cousin Simon Bellocq, un commerçant célibataire, égoïste et sans scrupules, qui accepte à contrecœur de la recueillir. Une concurrence s’était installée entre Simon et un autre cousin, Sylvain, qui habite avec sa femme Célanie et ses enfants, dans un village des environs. Célanie surtout est particulièrement hostile à Simon, dont elle espère recevoir l’héritage. Elle essaie d’attirer Marichette chez elle et la prévient de tous les dangers qui la guettent si elle reste chez Simon, mais la jeune fille veut rester chez celui qui l’a recueillie. Elle s’adapte bravement à sa nouvelle vie, malgré la brusquerie et la tyrannie de son cousin, elle noue même une relation sentimentale avec un commis, Paulin, dont la mère se prend d’affection pour elle. Mais les choses tournent mal pour elle dès le moment où Simon la poursuit de ses assiduités. Elle parvient à s’enfuir et va se réfugier chez Sylvain et Célanie.
Proust Marcel – Le Temps retrouvé – À la recherche du temps perdu 7 : « De nombreuses années se sont écoulées et le narrateur, malade, a passé de longs séjours en province pour se soigner. La guerre a éclaté et, lors d’un retour dans la capitale, le narrateur constate que ni l’élégance, ni le luxe, ni la recherche du plaisir n’ont perdu leurs droits. Mesdames Verdurin et Bontemps règnent sur les deux salons les plus courus de Paris, entre autres par la haute aristocratie du faubourg Saint-Germain. Dans l’ensemble, les gens se montrent patriotes, excepté Charlus qui ne cache pas sa sympathie pour l’ennemi. En vieillissant, il se livre à des expériences sadomasochistes dans un hôtel de passe qu’il a acheté et dont il a confié la gérance à Jupien. Prenant conscience que sa maladie l’empêchera de réaliser une œuvre littéraire, le narrateur se désespère. Lors d’une soirée chez le prince de Guermantes, il a l’impression d’assister à un bal costumé, tant les anciennes connaissances qu’il y retrouve ont vieilli, paraissant déguisées. Cependant, trois incidents mineurs déclenchent en lui un effort de mémoire qui va ranimer des souvenirs lointains. Ces réminiscences mettent en évidence l’intérêt de ces introspections pour préserver de l’oubli certains événements du passé. Il décide alors d’orienter son travail dans ce sens pour faire aboutir son projet d’écriture. Victime d’une légère attaque cérébrale, il craint de de ne plus avoir assez de temps pour concrétiser son rêve. » (Proust, ses personnages)
Téléchargements : ePUB – PDF – Kindle-MOBI – HTML – DOC/ODT
Les sept volumes de À la recherche du temps perdu en un seul ePUB (3,7 Mo)